Robinson Jeffers

Robinson Jeffers est né en 1887 à Pittsburgh. Fils de pasteur, il fait ses classes en Suisse et en Allemagne avant de rentrer aux États-Unis avec sa famille, où il poursuit des études de littérature en Californie. Il rencontre Una Call Kuster à l’université, qu’il épousera en 1913. Ils s’installent à Carmel-by-the-sea, sur la côte californienne, dans une maison que Jeffers bâtit de ses propres mains, et où ils passeront la majeure partie de leur existence. Ses livres lui valent une large reconnaissance au cours des décennies 1920 et 1930, et son œuvre poétique, marquée par la littérature antique et la mythologie est empreinte d’une profonde violence, qui puise dans la littérature tragique le meurtre, le désir, l’adultère, infusés dans le drame de l’époque, dont le point culminant est Mara ou Tu peux en vouloir au soleil, recueil paru en 1941 en pleine Seconde Guerre mondiale, qui l’épouvante et le conforte dans sa conception d’une humanité prise dans le cycle éternel de la violence destructrice. Son opposition à l’entrée en guerre des États-Unis et ses positions contre la politique américaine lui valent de nombreuses critiques, notamment après la publication de The Double Axe and Other Poems en 1948. Sa défiance vis-à-vis de la société humaine, que l’on a qualifiée « d’inhumanisme », lui confère une place à part dans sa génération. Figure sauvage, altière et radicale, il est le poète ascétique et reclus, vivant au bord de la falaise, au milieu des bois et des faucons, qui répudie ses semblables pour vivre au plus près de la nature, à la fois source de profusion créatrice et de destruction, dans une impossible quête de réconciliation. Considéré comme une icône par les mouvements écologistes, admiré par Charles Bukowski qui l’évoque dans de nombreux poèmes et le considérait comme son poète favori, ami de D.H. Lawrence et d’Edgar Lee Masters, il meurt chez lui en 1962, laissant une œuvre âpre, symbolique et furieuse incarnée par la folie meurtrière de ses personnages désespérés, prisonniers de l’époque et de leur condition humaine.