Pia Tafdrup

Les Chevaux de Tarkovski

 

 

 

 

 

 

Mon père ouvre grand la porte, le vent

envahit sa vie, le vent

fait voler ses pensées 

et révèle des taches blanches

sur la carte géographique de sa mémoire.

Debout sur le seuil, au bord

de l’obscurité

il appelle le chien

qui n’obéit pas à son maître.

Le chien est mort

depuis des années.

 

Les Chevaux de Tarkovski est un livre de la perte, perte du père qui s’éloigne de plus en plus dans la maladie, et que le texte accompagne jusqu’à la mort. Perte de la mémoire et du regard, quand passé et présent se télescopent et que les visages familiers se confondent. Les objets d’hier ont disparu, on ne reconnaît plus ceux qu’on a aimé, on pense ses souvenirs au présent. Véritable succession de scènes attachées à des souvenirs précis, ces poèmes évoquent la nécessité d’écrire, de remonter et retenir contre l’oubli la mémoire d’une vie qui décline. Ecriture qui fait face ici à sa propre limite, car s’il est possible de figer les instants, ou de remonter le temps avec des mots, on se heurte inéluctablement à l’impossibilité de retenir les vivants. Pia Tafdrup fait de ce livre un adieu bouleversant. 

 

2015, traduit du danois par Janine et Karl Poulsen

Imprimé en typographie, 112 p., 15x21 cm, ISBN : 9782877041591, 19 €

Tirage de tête

22 exemplaires sur Vélin d'Arches, contenant

une photographie originale signée et une intervention photographique de Magali Ballet.

200 €