Archaïques les animaux 

 

 

 

 

 

 

Je prends la cervelle la langue et les joues,

disait l’un, mais le cœur, je le jette.

 

Interdits nous ne soufflions mot, inventoriant

le reste du corps sans nous répandre

 

davantage. Gravîmes la montagne le lendemain

en quête de nourriture : rien que de l’immangeable.

 

Aussi avons-nous abattu une innocence.

Laissant cerveau langue et joues

intacts, prenant le cœur.

 

C’est un poème en forme de long voyage. C’est un poème des origines, de la sortie de la nuit et de la naissance des langages et des idées : entre culpabilité et maternité, comment a-t-on appris à être humains, et que faire de ceux que l’on met au monde ? L’écriture de Hester Knibbe est d’une sècheresse qui prend feu, brûle par les deux bouts, infiltre sa violence froide dans les tissus de l’homme, dans son histoire. Elle vient couper la parole. C’est un panorama de l’espèce, de notre sédentarité. Plus qu’un panorama, un témoignage du long voyage humain — nous ne sommes pas tous revenus, beaucoup se sont dissous dans la violence. Nous cherchons à comprendre « les lois de l’animal qui habite en nous » : férocité, voracité, et notre honte de vivre, dans l’appréhension du monde, des mythes et des meurtres. Nous qui errons dans les murs effrités de la cité, cherchant à échapper à notre précarité, nous passons par les détails, ce qu’il nous reste à bâtir pour ne pas oublier. Nous continuons à chercher « une maison où accoucher en paix d’une vie qui chante et qui rugit », dans la pesanteur de nos gestes, qui assure notre continuité, le rite, le foyer. Et le silence, et le secret. Nous habitons ici, rejetés, nous avons atterri ici, avec nos corps dispersés dans ce monde qui a trop grandi. Notre archaïsme, c’est notre permanence, notre incapacité de dépasser la mort. C’est notre solitude familière à laquelle on ne s’habitude jamais complètement. Hester Knibbe cherche notre assise humaine, notre trace, notre amour en forme de lumière sur la terre et notre possibilité à renouveler notre avenir : « qu’est-ce qui nous rêve jusqu’au bout ? »

 

Traduit du néerlandais par Kim Andringa et Daniel Cunin

2019, 80 pages, broché, format 15x21 cm, ISBN 978-2-87704-205-5, 16 €

Tirage de tête

XI exemplaires numérotés sur Vélin d'Arches comprenant des interventions originales au fil des pages de Stéphanie Ferrat. L'ensemble, signé au colophon par l'artiste, est réuni sous un emboîtage réalisé par Jeanne Frère.

 

Epuisé

22 exemplaires sur Vélin d'Arches contenant une œuvre originale de Stéphanie Ferrat, signée.

 

200 €