Gabriela Mistral (1889-1957) est une poétesse chilienne, prix Nobel de littérature en 1945. Elle est le premier écrivain d’Amérique latine et la toute première femme poète à recevoir cette distinction. Née dans une famille pauvre, abandonnée par le père, d’une vallée rurale du Chili, elle sera institutrice de campagne, avant de devenir une figure de la pédagogie et de l’enseignement dans toute l’Amérique latine. Elle réforme à la demande du gouvernement mexicain le système scolaire du pays, entre 1922 et 1924, en transformant notamment l’éducation des filles et des enfants des zones rurales. Elle poursuivra ensuite une carrière diplomatique jusqu’à la fin de sa vie, en devenant consule du Chili à Madrid, Lisbonne, Nice, au Brésil, à Los Angeles, Veracruz, Naples ou encore New York. Féministe, lesbienne, Gabriela Mistral détonne pour son époque et dans une Amérique latine dont elle ne cesse de combattre et de dénoncer le machisme. Son oeuvre poétique s’ouvre avec Desolación, publié en 1922, qui lui offre une notoriété au-delà des frontières de son continent. Viennent ensuite ses deux plus grands livres, Essart (1938) et Pressoir (1954), dans lesquels elle atteint sa pleine maturité poétique, puis Poema de Chile (1967), recueil entièrement consacré à son pays natal. Elle laisse également de très nombreux écrits en prose, articles de presse, textes de conférences, essais… Porteurs d’une quête à la fois matérielle et spirituelle, ses poèmes disent une intimité rare avec la terre, la matière, les êtres rencontrés, et une acuité presque douloureuse de la vie. Mêlant la mythologie grecque à celles des civilisations de Mésoamérique et aux références bibliques, Gabriela Mistral invente un monde à la croisée des cultures occidentale et latino-américaine, à la fois étrange et accueillant ; âpre, presque rude, et pourtant rendu familier par sa profonde humanité.