Si décousu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

c’est quoi ces bruits

des bruits dans la tête

qui glissent avec le reste

on dirait une somnolence

et le soleil qui passe dessus

 

 

ton soleil quel soleil ?

 

Ce livre rassemble plus de 40 poèmes, parus en éditions limitées et livres d’artistes, ainsi que de nombreux textes inédits de Ludovic Degroote, couvrant une période allant de 1987 à 2017. Si décousu évoque les promenades solitaires, aussi bien au-dehors qu’à l’intérieur de soi : le paysage de mer au fond des yeux, les villas côtières, la digue, le ciel et les briques. Évoque aussi et surtout, à travers allées et venues, trajets circulaires, variations d’écriture, une façon d’aller toucher le monde comme on frappe au carreau, ou comme on se retient au dernier moment d’y frapper. Par pudeur, en blessure souriante, gestes hésitants, dans le mouvement complexe et contradictoire d’une parole qui voudrait atteindre un lieu où être bien. Mais sur le point d’y arriver elle recule, effrayée par la distance incompressible entre y être et y être presque. C’est dans cet infime écart que se creusent et se renforcent les impossibilités et les manques. Car on existe par manque, « fantômes embourbés les pieds dans la vie », avec tant de visages à l’intérieur et cette drôle d’impression que les morts « vivent deux fois », et pas soi. « C’est comme si c’était simple », nous dit Ludovic Degroote, avec une grande douceur, que fissure parfois la violence. Avec drôlerie aussi, quand grincent des poèmes trop lucides pour pleurer. C’est comme si c’était simple de porter avec soi un poids trop lourd, et de s’en débarrasser quand on est soi-même son propre poids. On fait partie de lieux que l’on traverse, sans pouvoir en disparaître tout à fait. Face à soi retenir les effacements de la vie, et tout embarquer à l’intérieur, les disparitions comme les joies, l’amitié, le silence, l’enfance, on ne peut rien abandonner en route. Si décousu est un lent travail de désencombrement des sacs de ruines qu’on accumule. Gestes patients, impossibles, répétés, de poèmes dispersés dans les années, en suspension ; finalement réunis en s’agrégeant les uns aux autres, ils se rapprochent, se resserrent, s’entrelacent, pour révéler le cœur d’une œuvre.

 

2019, imprimé en typographie, 136 pages, format 15x21 cm, 978-2-87704-2-093, 21 €

Tirage de tête

33 exemplaires numérotés, imprimés en monotype sur presse typographique, sur Vélin d'Arches 160 g., contenant une œuvre originale de Bernard Pagès, signée. L'ouvrage est signé au

colophon par l'auteur.

 

Prix sur demande.