Christian Dotremont

Christian Dotremont est né en 1922 en Belgique. Il publie ses premiers textes en 1940, notamment Ancienne éternité, poème incandescent immédiatement remarqué par Magritte, Scutenaire et Ubac. Il rencontre Picasso, Éluard, Giacometti, Cocteau et incarne la relève d’un mouvement surréaliste qui se dilue dans le fracas de la Seconde Guerre mondiale. Il fonde en 1949 le mouvement Cobra – avec Joseph Noiret, Pierre Alechinsky, Asger Jorn, ou encore Karel Appel –, qui ouvre un espace expérimental d’une grande liberté dans l’art contemporain, au-delà des enjeux de figuration et d’abstraction ; laboratoire où se croisent des expériences artistiques qui se prolongent bien après la dissolution officielle du groupe en 1951. Cette même année, Dotremont contracte la tuberculose, qu’il appelle « la catastrophe ». Jusqu’à sa mort en 1979, il ne cesse de questionner le rapport entre les images et les mots, ambition qui s’exprime pleinement dans ses célèbres Logogrammes qui repoussent les limites de la plasticité alphabétique, inventant une calligraphie inédite, entre l’image et le lisible, et qui lui assurent une renommée internationale. Son œuvre poétique se nourrit de plus en plus des nombreux voyages qu’il fait en Laponie, malgré une santé de plus en plus précaire. Auteur d’un nombre important de poèmes et de textes courts publiés à Paris, Bruxelles ou Amsterdam, ainsi que d’un roman (La Pierre et l’oreiller, Gallimard, 1955), il laisse une oeuvre lumineuse, souvent enjouée, faite de surprises et d’émotions, de rebondissements de langage permanents, qu’irrigue un élan passionné, une jeunesse inaltérable, et un amour fou des valises dans lesquelles il emportait sa vie.