Hai Zi

De son vrai nom Cha Haisheng (littéralement « né de la mer »), Hai Zi est né en 1964 dans une famille modeste à Chawan, village de la province de l'Anhui. Il passe la plus grande partie de son enfance à aider sa famille aux travaux des champs, et entre à l’école de Droit de l’université de Beijing à seulement 15 ans. Durant ses années d’études, il se plonge dans la lecture, se passionne de littérature classique et de philosophie. Il rencontre Xi Chuan et Luo Yihe, tous deux également poètes, avec qui il se lie d’amitié et qui recueilleront ses manuscrits et publieront son œuvre après sa mort. En 1983, il est engagé par l’université de Droit et de Sciences politiques de Changping, où il enseigne la philosophie et la théorie artistique. Les années 1980 sont souvent considérées comme étant les plus riches dans la poésie chinoise contemporaine. Les « Poètes obscurs » qui ont surgi à la fin de la Révolution culturelle ont gagné une reconnaissance nationale au début de la décennie et influencent les débuts littéraires de Hai Zi, même si sa poésie empreinte d’un lyrisme romantique et tourmenté, puise aussi bien à la culture chinoise qu’à la culture occidentale, dont il a lu les grands textes, jusqu'à la Bible qui teinte de mysticisme nombre de ses poèmes. Il se met à écrire frénétiquement suite à une rupture amoureuse en 1986, et le désespoir et le sentiment de solitude altèrent sa santé psychique. En janvier 1989, il commence à avoir des hallucinations auditives. Dans l’espoir de se rétablir, Hai Zi revient dans son village natal mais son état ne s’améliore pas. À la fin de l’hiver, il retourne à Changping, sans plus de succès. Le 26 mars 1989, âgé de 25 ans, il nettoie son appartement, regroupe ses manuscrits qu’il range dans un coffre en bois qu’il avait rapporté de son village, et il se dirige vers Shanhaiguan avec 4 livres dans la poche : la Bible, WaldenL’Expédition du Kon-Tiki et une édition des romans de Conrad. Là il se jette sous le train qui file en direction du Golfe de Bohai, vers l’Océan Pacifique. Son œuvre, constituée de deux-cent cinquante poèmes courts, quatre-cents pages de poèmes longs, de nouvelles et de pièces de théâtre, n’a pas cessé d’être réimprimée depuis sa mort, et à chaque anniversaire de sa disparition l’université de Beijing organise un festival de poésie à sa mémoire. Il est considéré comme l’un des plus grands poètes chinois depuis la fin de la Révolution culturelle, et aujourd’hui encore, de nombreuses personnes, majoritairement jeunes, viennent de toute la Chine pour se recueillir sur sa tombe dans le village perdu de Chawan.