le mot afrique correspond à une ligne qui en trace le contour ; à l’intérieur, mon enfance hazebrouckoise lui avait fabriqué une réalité à travers son imaginaire nourri de livres ou de films, de récits de cousins qui y avaient habité : ses paysages, ses couleurs, ses indigènes étaient d’abord les miens : je vivais dans la mollesse du confort où j’étais né, et des représentations commodes où l’on n’a pas à sortir de chez soi
zambèze est un journal de voyage tenu par Ludovic Degroote à l’occasion d’un séjour en Zambie en 2013. Livre de la distance, celle que l’on parcourt en voyage bien-sûr, mais aussi celle qui se joue entre l’étude de cas et la perception intime, distance entre soi et le monde, zambèze n’est pourtant pas le livre d’un écrivain voyageur. Ludovic Degroote poursuit son travail de déplacements des formes littéraires, troublant les frontières du poème, du récit, et plus spécifiquement du récit de voyage. Ici sans cesse le récit se défait, la vivacité de la notation, la relation des motifs rencontrés font place à la pensée fragmentée, à la dérive intérieure, au poème. C'est autant la pensée qui voyage que le corps, mais la pensée et le corps ne voyagent pas toujours au même endroit. Malgré les crocodiles, les hippopotames, les serpents, tout ce bestiaire fantasmé de l'enfance qui soudain prend vie, malgré les paysages et les chutes Victoria, malgré ses proches, on reste seul, même si le monde, sa présence, reste la condition nécessaire à la solitude. zambèze est un fleuve poétique et mélancolique qui s'écoule dans le seul voyage qu'un homme peut faire, par-delà les angoisses qui le contraignent, celui de lui-même à lui-même.
2016, 96 pages, format 15 x 21 cm, ISBN 978-2-87704-165-2, 17 €