Bernard Noël

Vers Henri Michaux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

en ce siècle cloué au présent chacun

séparé chacun dans la grande banquise

parmi éclats tessons charpies tas tenaces

ailleurs pas d'ailleurs pas de rage non plus

crachat rentré barrage de cancers

et la corde au cou

 

Bernard Noël a écrit sur Michaux, à même la peau de ses propres mots, ou sur l'écran noir des peintures et dessins. Attentif comme un poète peut l'être, il tient sa langue au moment de parler, afin de réserver, sans l'affadir, quelque chose de ce respect qu'il porte au poète du refus. Il préserve que l'œuvre doit demeurer, suivant l'exigence nette de son auteur : the black box, sinon au panier. Ce que Bernard Noël écrit de Michaux - dans ses parages ou son sillage, en vue de ses propriétés - tient en peu de mots, de nature assez différente : des poèmes, de petits essais, des notes déposées dans le mouvement du voyage. Le nouveau monde y joue sa part, ce n'est guère surprenant. Le temps aussi, qui nous éloigne de nous-mêmes, si proches pourtant, à portée de main. Comme la citation, qui s'incarne sans peser.

Pierre Vilar (extrait de la préface)

 

1998, préface de Pierre Vilar, dessins de Henri Michaux

96 p., 15x21 cm, ISBN 2877041085, 17 €

Tirage de tête

- 45 exemplaires sur Vélin d'Arches, signés au colophon

par l'auteur. 

75 €